Entre forêt, VTT et promeneurs : cohabiter pour le plaisir de toutes et tous

La forêt tient une place particulière dans le cœur de nombreux d’entre nous et les éditions de l’ARP se sont souvent intéressées aux personnes qui veillent sur elle. Ainsi, en 2016, M. Eric Monachon, ancien garde forestier et actuel président de Narcisses Riviera présentait son travail important. Un peu plus tard, en 2018, Christophe Schneiter, ancien municipal, évoquait pour nous la création d’une réserve naturelle entre les communes de Montreux, la Tour-de-Peilz et Blonay, dans la zone de Folly-Molard. Vous retrouvez ces deux articles sur notre site internet.
Quatre ans plus tard, nous avions envie de savoir où en était ce projet et d’évoquer également avec Mehdi Genoud, chef de service des forêts de notre Commune, la complexe cohabitation entre les adeptes du VTT et les randonneurs.

AVR 03

Mehdi Genoud, quelles sont les nouvelles de la forêt des Pléiades ?

Sur cette fin d’hiver, les coupes ont été terminées et normalement il ne devrait pas y en avoir de nouvelles sur la saison à venir. Nous avons comme toujours beaucoup de travail à faire sur les sentiers pédestres, tant pour leur sécurisation que pour leur entretien : des marches d’escaliers à refaire jusqu’à la gestion d’arrivée d’eau. Nous avons à notre charge l’entretien de tous les chemins pédestres depuis le Signal et le parcours Vita de la Veyre jusqu’au sommet. C’est un énorme travail mais qui nous tient à cœur, car nous avons la volonté de faire de ces sentiers une réelle carte de visite, peut-être même un exemple pour la région. Mon équipe aimerait beaucoup que les randonneurs puissent identifier leur arrivée sur la Commune par la beauté et l’entretien de ces sentiers. C’est dans cet objectif que nous avons complètement rénové le sentier de l’Ermite, et tant les retours des marcheurs que les commentaires qui peuvent être laissés en ligne nous montrent que c’est une réussite. Par contre, c’est vrai aussi que cela nous prend beaucoup plus de temps que nous le pensions au départ.
Sur les Tenasses, l’entretien est aussi important avec les planches qui sont cassées et nous cherchons des solutions plus durables pour ce sentier. L’Université de Lausanne nous demande aussi de réintroduire de la lumière dans le bas et le haut marais, et pour cela nous avons toujours la chance de compter sur l’expérience et les compétences de Bergwald, une fondation à but non lucratif basée dans les Grisons dont l’objectif est de promouvoir la conservation, l’entretien et la protection de la forêt et du paysage culturel de la zone de montagne, en particulier par des travaux d’entretien et de réaménagement grâce à des bénévoles qui offrent de leur temps libre pour venir nous aider.

Qu’en est-il des parcours VTT ? Nous avons évoqué il y a quelques années la Blackmetaul, cette piste de descente difficile qui tente d’être homologuée depuis bien longtemps maintenant et nous avons aussi tous entendu parler des tensions que le passage des VTT amenait aux Sîtes. Parvenez-vous à faire avancer ces dossiers complexes ?

Effectivement, la cohabitation des piétons, des propriétaires et des cyclistes n’est pas toujours évidente.
Nous sommes en train de mettre à l’enquête la Blackmetaul DH, une piste de descente pour des riders confirmés qui a été réalisée il y a plus de 10 ans maintenant sans avoir encore été officialisée. Cela fait deux ans que nous avons démarré les démarches pour l’homologuer.
Avec Laura Ferilli, municipale en charge des forêts, nous cherchons vraiment à faire avancer ce dossier des pistes VTT pour éviter justement que la situation ne reste tendue entre les promeneurs et les cyclistes. La montagne appartient à des propriétaires privés pour la plupart des parcelles, ce dont les visiteurs n’ont pas toujours conscience. Nous cherchons à être des interlocuteurs entre les différentes parties. J’aime marcher et faire du vélo, je suis conscient de l’importance de ce site des Pléiades qui est un lieu de loisirs et de ressourcement pour tous les habitants et bien au-delà. Avec la neige qui se fait plus rare sur nos altitudes, les riders profitent de cette moyenne montagne avant que la saison des pistes valaisannes ne débute. Il faut que nous puissions offrir des parcours qui correspondent aux demandes pour canaliser les passages et permettre à toutes et tous le cohabiter le plus sereinement possible.
Pour cela nous avons eu besoin de nous appuyer sur des experts, c’est pourquoi nous avons fait appel à Bikeplan, une entreprise spécialisée dans la mise en place de parcours vélo et de cohabitation entre les différents utilisateurs de la montagne. Ils savent à la fois ce que les passionnés du vélo désirent mais aussi quelles sont les points d’attention à avoir à l’esprit pour permettre que cela soit pérenne, comme pour l’entretien de ces pistes ou les chances qu'elles soient officialisées. Ainsi, une fois que nous aurons avancé dans le tracé de ces pistes, nous pourrons approcher les différents propriétaires, obtenir un accord préalable du canton, faire signer les conventions, les mettre à l’enquête puis, finalement, les officialiser. Le chemin est encore long !
Avec Bikeplan, nous cherchons également à éviter les vélos sur les sentiers pédestres en fonction de leur fréquentation, pour que toutes et tous se sentent en sécurité sur nos chemins.

Qu’imaginez-vous faire pour améliorer cette cohabitation entre randonneurs et cyclistes en attendant que des pistes homologuées puissent voir le jour ?

C’est vrai que parfois les habitants ont le sentiment qu’on ne fait rien, alors qu’on s’active pour faire avancer ce dossier, pour avoir une signalisation qui réponde aux conditions et directives cantonales et aussi pour sensibiliser les vététistes. On cherche à leur expliquer que la forêt appartient à quelqu’un, souvent à des propriétaires qui sont responsables de ce qui peut arriver aux personnes qui utilisent des infrastructures installées sur leurs parcelles. Lorsque nous plaçons des barrières pour empêcher les vélos de passer, certains les arrachent.
Nous avons par exemple organisé une journée de sensibilisation pour aller sur place avec les cyclistes, pour être dans le dialogue, pour expliquer les raisons des fermetures de certains sentiers et surtout rappeler qu’il est interdit pour les vélos d’aller sur les sentiers pédestres. Malheureusement, nous avons eu peu de participants mais ceux qui étaient présents vont devenir de vrais ambassadeurs.
Nous travaillons également avec la police qui nous a proposé de faire des petits clips vidéo à diffuser sur les réseaux sociaux. Toutes ces démarches ont pour but de tenter d’expliquer avant de sanctionner. Nous aimerions vraiment que chacune et chacun soit dans la compréhension de l’autre, que nous parvenions à créer ces parcours pour canaliser les vététistes et que toutes et tous trouvent le plaisir et la détente qu’offre notre belle région.

Rapidement, pouvez-vous nous donner quelques nouvelles de la mise en place de la réserve Folly Molard depuis 2020 ?

Au niveau de la gestion de cette réserve, tout se passe bien, mais c’est vrai qu’il y a un manque d’information et que les passages dans la réserve sont encore nombreux. Des panneaux sont présents, mais ils vont être modifiés et d’autres s’y ajouteront, comme à la fontaine des Pautex et au départ du Petit Caudon. Entre deux, six à sept panneaux de rappel seront installés pour délimiter la zone. Là encore, nous avons l’espoir qu’en éduquant les jeunes, ils prennent conscience de l’importance de protéger l’environnement, qu’ils soient attentifs à ce qui les entourent, peut-être d’avantage que certains adultes qui ne sont que dans la performance physique et oublient de lever les yeux vers notre belle nature.

Tous les articles